Delphine de Vigan, romancière française, s’est fait connaître avec son premier roman: Jours sans faim, paru en 2001 aux Editions Grasset sous le pseudonyme de Lou Delvig. Ce bon roman autobiographique raconte le parcours d’une anorexique de 19 ans. Elle publiera ensuite, Les Jolis Garçons (2005), Un soir de décembre (2005), No et moi (2007), Les heures souterraines (2009).
Madame: J’avais un apriori sur ce roman, sur l’auteur même que je ne saurais expliquer; sans doute l’engouement médiatique et les nombreuses louanges que j’avais pu en entendre. En général, lorsqu’il y a unanimité, je suis souvent déçue et je garde donc des réserves sur le sujet encensé. Malgré tout, ce livre m’interpellait; sa couverture avec la photo noir et blanc d’une femme magnifiquement envoûtante a eu raison de moi. Dès le début du livre j’ai été captivée par tout le travail de recherches sur la famille de l’auteur; en effet celle-ci dresse le portrait de sa mère Lucile, de son enfance si particulière jusqu’à son suicide prévisible. Le passé est fouillé minutieusement, avec tout ce qu’il entraine de bon, de rassurant mais aussi de mauvais, de secret, intime et lourd. La bipolarité de Lucile est difficile à comprendre et l’écriture ne permet sans doute pas d’expliquer mais a plutôt un effet thérapeutique sur l’auteur. Delphine de Vigan intervient au cours de la narration pour nous faire part de ses doutes sur l’écriture de ce roman, et cette alternance entre récit et prise de position n’est aucunement dérangeante; on comprend même que cette intrusion lui semble nécessaire pour prendre du recul.
Un récit bouleversant dans lequel chacun se retrouve d’une manière ou d’une autre. Personnellement, il m’a donné l’envie d’écrire, notamment sur ma famille, pour connaître ou pour garder en mémoire des souvenirs, de fouiller le passé; je n’ai aucun talent d’écriture mais le style de Delphine de Vigan est si fluide et authentique qu’on se pense capable de faire pareil. Un roman tendre, sensible qui m’a profondément touché et qui m’a permis de gommer mes préjugés. J’ai lu dans la foulée Jours sans faim et je pense découvrir les autres ouvrages de cet auteur.